Tsiba : de la violence à la paix par le théâtre
« Être dahalo ne m’a rien apporté de bon. Aujourd’hui, je choisis la paix. »
Ces mots sont ceux de Tsiba, un jeune homme du Sud de Madagascar dont le parcours témoigne de la force du changement, lorsque l’on donne une seconde chance à ceux qui en ont le plus besoin.
Pendant trois longues années, Tsiba a vécu dans l’ombre. Pris dans l’engrenage du banditisme rural, pour lui, être dahalo n’a pas été un choix par envie, mais par nécessité, poussé par la pauvreté et l’absence d’opportunités dans son village du Sud de Madagascar. « Être dahalo ne m’a rien apporté de bon », confie-t-il. « C’est un mauvais acte, mais je l’ai fait à cause de la difficulté de la vie. »
Le théâtre participatif comme déclencheur de transformation
C’est dans le cadre du projet Andriry Milamy, financé par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix (UNPBF), en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), mis en œuvre par Tokotany Iraisana que Tsiba découvre le théâtre participatif. Invité à jouer dans une pièce inspirée de parcours réels, Tsiba se voit confier le rôle… d’un dahalo. Ce personnage, miroir de son propre vécu, lui offre une prise de conscience puissante : « Je joue le rôle d’un dahalo. Je m’identifie clairement au rôle que je joue. Mais ce que j’apprécie, c’est qu’on peut vraiment tirer des leçons de l’histoire représentée. »
Pour Tsiba, le théâtre est devenu un lieu de transformation intérieure pour en tirer de meilleures leçons de vie. Tsiba y apprend non seulement à raconter son histoire, à le partager aux autres, à écouter, mais aussi à réfléchir sur le « après ». Au fil des partages et des répétitions avec les autres acteurs et surtout après l’écoute des retours du public lors de la représentation, Tsiba découvre l’importance du respect, de l’humilité et du vivre-ensemble. « Il ne faut jamais se montrer hautain ni condescendant, car cela nuit à nos relations », dit-il avec maturité. À travers sa participation au théâtre participatif, Tsiba prend du recul, réfléchit et comprend que d’autres chemins en dehors du fait d’être « dahalo » sont possibles. « Ma participation à ce théâtre m’a permis de voir plus clair sur le chemin que je devrais prendre dans ma vie. Pour moi, le vrai chemin, c’est la paix. »
Une scène pour renaître
Aujourd’hui, Tsiba regarde l’avenir avec espoir et détermination. Il a décidé de retourner dans son village pour cultiver la terre et subvenir, tant bien que mal, aux besoins de sa famille. Ses parcelles sont petites, mais il sait désormais que la dignité vient de l’effort et de la paix. Il rêve de voir se multiplier ce type de projets dans le Sud, pour offrir à d’autres jeunes les mêmes opportunités de changement.
« Ce que je souhaite, c’est que des projets de ce genre soient pérennisés. Qu’on ait plus d’opportunités dans le Sud. »
L’histoire de Tsiba est celle d’un homme qui a trouvé une issue à la violence par la parole, la scène et l’engagement citoyen. Une victoire humaine rendue possible par une approche inclusive et culturelle de la paix, au cœur des actions de Tokotany Iraisana.
Dans le cadre des activités de TKI, le théâtre participatif représente à la fois une scène de partage et un outil d’apprentissage de connaissance de soi et des autres, de partage de valeurs de paix. En mettant en scène des situations tirées du quotidien des communautés locales, les équipes de TKI favorisent la prise de conscience, renforcent le sentiment d’appartenance et encouragent le développement de l’empathie.